Ici, nous présentons un protocole qui manipule la visibilité de l’interlocuteur pour examiner son impact sur la production de gestes dans la communication interpersonnelle. Ce protocole est flexible en fonction des tâches mises en œuvre, des gestes examinés et des modalités de communication. Il est idéal pour les populations ayant des problèmes de communication, comme les apprenants d’une langue seconde et les personnes atteintes de troubles du spectre autistique.
Comprendre pourquoi les locuteurs modifient leurs gestes de la main lorsqu’ils s’adressent à des interlocuteurs fournit des informations précieuses sur la façon dont ces gestes contribuent à la communication interpersonnelle dans des contextes en face à face et virtuels. Les protocoles actuels manipulent la visibilité des intervenants et de leurs interlocuteurs en tandem dans un contexte de face à face pour examiner l’impact de la visibilité sur la production gestuelle lorsque la communication est difficile. Dans ces protocoles, les locuteurs accomplissent des tâches telles que l’enseignement de mots d’une langue seconde inconnue ou le récit des événements de vignettes de dessins animés à un interlocuteur qui est soit un autre participant, soit un complice. Lors de l’exécution de ces tâches, les intervenants sont visibles ou non visibles pour leur interlocuteur, et l’orateur est visible ou non visible pour le participant. Dans la tâche d’apprentissage des mots, les locuteurs et les interlocuteurs visibles les uns aux autres produisent plus de gestes représentatifs, qui transmettent un sens via la forme de la main et le mouvement, et des gestes déictiques (pointage) que les locuteurs et les interlocuteurs qui ne sont pas visibles les uns aux autres. Dans le protocole de narration, les adolescents atteints de troubles du spectre autistique (TSA) produisaient plus de gestes lorsqu’ils s’adressaient à des interlocuteurs visibles qu’à des interlocuteurs non visibles. Une force majeure du protocole actuel est sa flexibilité en termes de tâches, de populations et de gestes examinés, et le protocole actuel peut être mis en œuvre en visioconférence comme en présentiel. Ainsi, le protocole actuel a le potentiel de faire progresser la compréhension de la production gestuelle en élucidant son rôle dans la communication interpersonnelle chez les populations ayant des problèmes de communication.
Les gestes de co-parole (jusqu’à présent, les gestes) – mouvements significatifs de la main produits en même temps que la parole – contribuent à la communication interpersonnelle en transmettant des informations complétant le contenu verbal1. Selon la taxonomie la plus largement utilisée 2,3, les gestes peuvent être divisés en trois catégories : les gestes représentatifs, qui transmettent des référents par leur forme et leur mouvement (par exemple, battre des mains d’avant en arrière pour transmettre le vol) ; les gestes rythmiques, qui transmettent l’accent par de simples mouvements ponctués (par exemple, déplacer légèrement la main dominante vers le bas en conjonction avec chaque mot de l’expression « tout de suite ») ; et les gestes déictiques, qui attirent l’attention sur la présence ou l’absence d’une entité en pointant du doigt (par exemple, balancer le pouce vers l’arrière pour indiquer quelque chose derrière soi). Les gestes représentatifs peuvent être divisés en deux catégories supplémentaires : les gestes iconiques, qui véhiculent des référents concrets (par exemple, un oiseau), et les gestes métaphoriques, qui transmettent des référents métaphoriques (par exemple, l’extase). Parce que le geste et la parole découlent du même contenu conceptuel, ils sont étroitement liés dans leur signification 4,5. En servant de support visuel emblématique pour la communication, les gestes peuvent aider à compenser les difficultés de compréhension du langage parlé6, que ce soit en raison de facteurs individuels tels qu’une maîtrise limitée de la langue parlée 7,8 ou de facteurs environnementaux tels que la difficulté à entendre la parole 9,10. Ainsi, les gestes font partie intégrante de la compréhension de la communication interpersonnelle dans des contextes en face à face et virtuels, car ils donnent un aperçu de la façon dont les locuteurs et les auditeurs transmettent et comprennent l’information de manière multimodale.
Plusieurs tâches interactives structurées ont été développées pour mesurer comment le geste affecte la communication interpersonnelle. Ces tâches comprennent des entretiens, au cours desquels les participants répondent à des questions en décrivant leurs expériences personnelles11,12 ; description de l’image, dans laquelle une image statique est présentée aux participants pour décrire13,14 ; la résolution d’énigmes, dans laquelle les participants décrivent comment résoudre une énigme en orientant correctement les composants dans l’espace15,16 ; la fourniture d’instructions, dans laquelle les participants sont invités à donner des indications vers un endroit inconnu des auditeurs 17,18,19 ; et la narration, dans laquelle les participants visionnent une caricature représentant une séquence d’événements et les racontent ensuite 20,21,22. De nombreuses tâches employées dans les études citées ci-dessus intègrent un contenu spatial et une action, que le geste transmet avec une efficacité particulière 15,23,24,25. Dans les tâches des études citées ci-dessus, les participants produisent généralement des gestes en conjonction avec le langage, et les informations transmises par le geste et sa relation avec le langage produit simultanément sont évaluées. Alternativement, les participants peuvent visionner un enregistrement d’une personne gesticulant (ou ne gesticulant pas) et produisant un langage lors de l’exécution de l’une de ces tâches, après quoi la compréhension des participants est évaluée. Toutes ces tâches peuvent être menées virtuellement ou en face à face, ce qui permet de collecter des données auprès d’un large éventail de participants et de comparer les modalités.
L’impact des gestes sur la communication interpersonnelle a été mis en œuvre auprès d’un large éventail de participants. Les populations ayant des problèmes de communication, notamment les jeunes enfants 26,27,28,29,30, les utilisateurs de langues secondes (L2) 8,31,32,33, les personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA)20,21,22,34, les personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) troubles du langage 35,36,37, personnes aphasiques12,38, personnes atteintes de lésions cérébrales39 et personnes bégayant40,41. Ce travail a révélé que, bien que bon nombre de ces populations puissent utiliser des gestes pour faciliter la communication, certaines, comme les personnes atteintes de troubles du spectre autistique, peuvent éprouver des difficultés à tirer parti des gestes pour communiquer efficacement. Les résultats suggèrent que cela pourrait être dû à la mesure dans laquelle ces populations prennent en compte la conception du public et les indices environnementaux, mettant en évidence les implications pratiques de ces explications sur l’impact des gestes sur la communication.
La visibilité de l’interlocuteur est une caractéristique clé qui permet de mieux comprendre l’impact des gestes sur la communication interpersonnelle. Une question d’une grande importance dans le domaine de la recherche sur le geste est de savoir dans quelle mesure les participants gestuent pour leur propre bénéfice, indiquant le déchargement des opérations cognitives sur le corps, par rapport au bénéfice de leurs interlocuteurs, indiquant l’utilisation du geste pour communiquer. Cette question a été investiguée en examinant l’impact de la (non-)visibilité de l’interlocuteur sur la production gestuelle dans des contextes en face à face via l’utilisation d’une partition opaque26,42, ainsi que dans des contextes téléphoniques13 et virtuels43. Dans l’ensemble, les résultats de ce travail indiquent que, bien que les locuteurs gestuisent pour leur propre bénéfice, ils produisent plus de gestes représentatifs lorsqu’ils communiquent avec des interlocuteurs visibles que non visibles, alors que la production de gestes rythmés est similaire quelle que soit la visibilité de l’interlocuteur. Ainsi, ils suggèrent que le geste représentatif facilite la communication à travers une variété de contextes, suggérant que les locuteurs prennent en compte le point de vue de leurs interlocuteurs et modifient leur production gestuelle en conséquence. Bien que des recherches antérieures examinant l’effet de la visibilité de l’interlocuteur aient permis de mieux comprendre les contributions du geste à la communication interpersonnelle, elles se sont concentrées sur l’anglais comme première langue (L1) dans des populations en développement typique, de sorte qu’il n’est pas clair si les résultats peuvent être étendus aux populations ayant des problèmes de communication. Deux de ces populations sont les apprenants de L2, qui peuvent avoir du mal à communiquer par la parole dans la langue cible, et les enfants atteints de TSA, dont la communication verbale et non verbale est anormale. De plus, peu de recherches ont examiné l’impact de la visibilité de l’interlocuteur sur la production de gestes dans des contextes virtuels, ce qui permet de démêler l’effet de la visibilité de l’interlocuteur sur le participant de l’effet de la visibilité du participant sur l’interlocuteur, de sorte que la reproductibilité des résultats de ces contextes n’est pas claire à l’heure actuelle. Enfin, certaines recherches se sont concentrées sur l’impact de la visibilité de l’interlocuteur sur la production de types spécifiques de gestes, de sorte qu’il n’est pas clair si la production d’autres types de gestes est affectée de la même manière par la visibilité de l’interlocuteur.
Les protocoles décrits ci-dessous manipulent la visibilité de l’interlocuteur pour examiner la production de gestes dans des circonstances difficiles : apprentissage de mots L2 et récit narratif par des personnes atteintes de TSA. Le protocole d’apprentissage des mots L2 fait le lien entre la recherche examinant l’impact de l’observation des gestes sur l’apprentissage des mots L2 et la recherche examinant la contribution des gestes à la communication via un paradigme d’apprentissage interactif des mots. Dans ce paradigme, les participants qui ne sont pas familiers avec la langue cible apprennent des mots dans celle-ci, puis enseignent ces mots à d’autres participants qui ne sont pas familiers avec la langue cible, ce qui permet d’examiner l’impact de la visibilité de l’interlocuteur sur la production gestuelle dans les premières étapes de l’acquisition de la L2 dans un contexte conversationnel. Le paradigme de la narration de bande dessinée utilise une tâche de narration largement utilisée dans laquelle des différences dans la production de gestes ont été observées lorsque la visibilité de l’interlocuteur est manipulée avec une nouvelle population : les adolescents atteints de TSA. Cette population est intéressante parce que le développement du langage, y compris la production de gestes, est mature à l’adolescence, et que les TSA entraînent des difficultés de communication verbale et non verbale, y compris les gestes, ainsi qu’un manque de sensibilité aux besoins de communication des interlocuteurs. Ensemble, ces protocoles donnent un aperçu de la mesure dans laquelle la production de gestes dépend de la parole et, à l’inverse, peut la compenser lorsque la communication interpersonnelle est difficile.
Sur la base des résultats démontrant comment la visibilité de l’auditeur affecte la production de gestes par les anglophones L1 13,26,42,43, il a été émis l’hypothèse que les participants produiraient plus de gestes globaux et plus de gestes représentatifs lorsqu’ils discutent de mots L2 avec un interlocuteur visible qu’un interlocuteur non visible. Sur la base des résultats démontrant des anomalies dans la production de gestes dans les TSA20,44, il a été émis l’hypothèse que les adolescents atteints de TSA produiraient moins de gestes globaux ainsi que moins de gestes représentatifs et déictiques que les adolescents en développement typique (TD). De plus, sur la base des résultats montrant que les TSA entraînent des difficultés à prendre du recul45, on a émis l’hypothèse que la production gestuelle des adolescents atteints de TSA ne différerait pas significativement en présence d’interlocuteurs visibles et non visibles. Enfin, une interaction entre le diagnostic et la visibilité a été prédite, de sorte que la production gestuelle ne différerait pas selon la visibilité pour les adolescents atteints de TSA, mais qu’elle le serait pour les adolescents atteints de DT.
Le protocole actuel manipule la visibilité du locuteur et de l’interlocuteur l’un par rapport à l’autre, donnant un aperçu de son impact sur la production gestuelle dans des circonstances difficiles : apprentissage des mots L2 et récit narratif par des adolescents atteints de TSA. Ce protocole peut être mis en œuvre en personne ou virtuellement, ce qui permet de manipuler la visibilité des participants et des interlocuteurs en tandem ou indépendamment. Il peut s’adapter ?…
The authors have nothing to disclose.
Le développement et la validation du protocole d’apprentissage des mots L2 ont été soutenus par une bourse d’études supérieures en sciences et ingénierie de la défense nationale (NDSEG) (32 CFR 168a) émise par le Bureau de la recherche scientifique de l’armée de l’air du ministère de la Défense des États-Unis. Le développement et la validation du protocole de narration de dessins animés avec des adolescents atteints de TSA ont été soutenus par un prix Ruth S. Kirschstein Institutional National Research Service Award (T32) des National Institutes of Mental Health. L’auteur remercie Rachel Fader, Theo Haugen, Andrew Lynn, Ashlie Caputo et Marco Pilotta pour leur aide dans la collecte de données et le codage.
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Conference USB microphone | Tonor | B07GVGMW59 | |
ELAN | The Language Archive | Software application used to transcribe speech and gesture | |
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Weschler Abbreviated Scale of Intelligence | Pearson | 158981561 | Used to verify full scale IQ ≥ 80 in Morett et al. (2016) |